Table ronde – La ville résiliente face au changement climatique

Dans le cadre de l’initiative Urbanisme en Francophonie portée par l’AIMF, une série de réflexions autour des concepts de l’urbanisme francophone est mise en débat. Chaque table ronde, organisée en visioconférence autour d’une grande thématique, se décline dans plusieurs webinaires.

➡️ S’inscrire aux webinaires : https://lnkd.in/eesUcDf2

Comment rénover et revitaliser les villes en prenant en compte la rareté des ressources de la planète (foncier, matériaux, eau) à l’heure de l’innovation architecturale et urbaine ? Pour nourrir la réflexion et l’action des autorités locales, l’Association Internationale des Maires Francophones lance en partenariat avec l’Institut Louis Bachelier et l’École d’Urbanisme de Paris, une série de trois webinaires dédiés à la ville résiliente face au changement climatique. 

Placée sous la responsabilité académique d’Ingrid Nappi (Professeur à l’École des Ponts ParisTech, Directeur de Recherches à l’Institut Louis Bachelier) et de Marcus Zepf (Professeur et Co-directeur de l’École d’Urbanisme de Paris), cette série s’inscrit dans le cadre de l’initiative Urbanisme en Francophonie.

Face à l’urgence climatique et dans un contexte de crise énergétique, sans précédent, la ville qui accueillera demain 70 % de la population mondiale, est le lieu de tous les défis : celui du réchauffement climatique, de la neutralité carbone, de la sobriété énergétique et de la rareté de plus en alarmante des ressources naturelles.

Plus que jamais, la ville doit se réinventer et mettre en œuvre des mesures fortes et ambitieuses dans les domaines de l’habitat et de l’aménagement du territoire, de la production d’énergie et de la gestion des déchets, imposant de changer radicalement nos modes de vie et notre façon de vivre et d’habiter en ville.

La ville résiliente et durable sera non seulement une ville bas carbone qui respecte l’environnement, mais également une ville qui saura s’adapter aux usages et besoins qui ne cessent d’évoluer. En faisant face et prenant en compte les nouveaux enjeux tels que : la crise sociétale post-covid et le développement du télétravail et de nouveaux besoins des usagers, la crise économique avec le retour de l’inflation et la hausse des taux d’intérêt, la flambée des prix des matériaux de construction, la crise environnementale et écologique (rareté des ressources naturelles, gestion de l’eau) avec la nécessité de décarboner un secteur majeur de l’économie tout en préservant la biodiversité, en faisant face à la fois aux impératifs de sobriété foncière afin de lutter contre le réchauffement climatique.

Si la ville est le lieu de tous les défis, elle est aussi celui où fleurissent les solutions et les expérimentations et où se crée la ville post-carbone. De Lausanne à Luxembourg en passant par Montréal, Marseille, Lyon, Genève, Monaco, Bruxelles ou Thiès-Dakar, l’objectif des webinaires est de mettre en perspective les villes francophones inspirantes et vivantes qui s’engagent sur le chemin de la résilience et de la neutralité carbone.

Les 3 webinaires « La ville résiliente face au changement climatique » donnent la parole aux universitaires et architectes-urbanistes-aménageurs, afin d’explorer les leviers de changement pour adapter les morphologies urbaines aux impacts du changement climatique et de la transition écologique (réduire les émissions de carbone, préserver et développer les puits de carbone).

Webinaire #1 : Sobriété foncière et décarbonation : comment faire ?

Mardi 13 juin 2023 de 13h à 14h30 CET

Comment les villes font face à la pénurie de foncier dans un contexte de zéro artificialisation des sols et de création de puits de carbone ?

Ce premier webinaire intitulé « Sobriété foncière et décarbonation : comment faire ? » aborde la question des villes post-carbone face à la pénurie de foncier dans un contexte de recherche de sobriété foncière, de zéro artificialisation des sols et de création de puits de carbone.

Le foncier dit résilient évoque la question de la nature en ville, de la résorption des îlots de chaleur, de la perméabilité des sols, de la densification de la ville (voire de sa surélévation), de la reconversion de friches urbaines, autant de sujets qui sont aujourd’hui pris progressivement en compte par les élus, les collectivités locales.

Nous avons invité des universitaires, des chercheurs pour parler de leur ville et souligner les enjeux actuels de la question du foncier pour les élus.

  • De Bruxelles, ancienne ville industrielle, où les réserves foncières très limitées encouragent la reconstruction de la ville sur la ville et la revalorisation de terrains sous-occupés et l’assainissement d’anciennes friches industrielles et où de nouvelles mesures apparaissent tel que la limitation des constructions neuves ou le droit de préemption sur l’ensemble du territoire pour maîtriser la gestion sous foncier. Retour sur l’opération emblématique de Tivoli, innovante à sa livraison il y a quelques années et qui aujourd’hui fait face aux objectifs de circularité et aux objectifs de décarbonation.
  • Au cas de Luxembourg, où le foncier est le plus cher en Europe et le manque de logements considérable en déconnexion totale avec la croissance sans précédents des emplois tertiaires liés à l’implantation de plus de 4000 fonds d’investissement et de son parc de bureaux. Mais également, une ville où l’empreinte carbone figure parmi la plus élevée au monde du fait des mobilités transfrontalières importantes. Retour sur la consultation « Luxembourg in transition » ou comment bâtir une métropole proche des impératifs écologiques dans un contexte urgent de transition écologique.
  • Enfin à celui de Montréal, ville au passé industriel très et notamment de l’Ilôt Rosemont qui questionne la question des friches industrielle et de l’innovation urbaine face aux enjeux évoqués et des impératifs environnementaux nouveaux tels que celui de la minéralisation des sols en sus de leur décontamination et la question de la fragmentation sociale et de la revalorisation du centre-ville.

Retrouvez ci-dessous le replay du webinaire 1 :

L’accroissement de la population urbaine couplé au réchauffement du climat constituent des caractéristiques marquantes de ces prochaines décennies et pose la question de la ville non seulement durable mais également résiliente, c’est-à-dire sachant s’armer et s’adapter rapidement à ces deux crises majeures.

Comment les villes peuvent-elles à la fois accueillir des populations en croissance, voire faire face aux défis des migrations climatiques qui se profilent (c’est-à-dire offrir à la fois des logements, des locaux d’activités et des espaces publics nécessaires) alors que nous assistons au même moment, au-delà de la flambée des prix, à une pénurie des ressources en ville et notamment du foncier ?

Il n’est pas un jour où l’on n’évoque la nécessité pour les villes de prendre en main leur transition écologique, à savoir à la fois décarboner leur bâti, leurs mobilités, de créer des puits de carbone et de s’adapter aux usages et besoins qui ne cessent d’évoluer.

Si la ville est le lieu de tous les défis, elle est aussi celui où fleurissent les solutions et les expérimentations post-carbone.

Webinaire #2 : Comment construire autrement ?

Lundi 26 juin 2023 de 13h à 14h30 CET.

Comment les villes font face à la pénurie des matériaux de construction et à l’économie circulaire ? “Comment construire autrement”, et contribuer à la résilience de la ville face aux enjeux du réchauffement climatique, de la décarbonation des logements et des espaces bâtis et plus globalement de la transition écologique des villes ? Tel est le sujet de ce deuxième webinaire consacré à la raréfaction des matériaux de construction et aux enjeux de construire autrement dans un contexte où la production de matériaux résidentiels et tertiaires consomme en moyenne 50 % de l’énergie et un quart des émissions de gaz à effet de serre dans la plupart des pays.

Nous avons invité des universitaires, des chercheurs pour parler de leur ville et des initiatives qu’ils souhaitent partager auprès des élus. Ils soulignent notamment les enjeux actuels de la question des nouveaux matériaux de construction et des initiatives de réhabilitation mais aussi du recyclage et réemploi des matériaux existants.

  • C’est le cas à Dakar, mais également dans la plupart des métropoles africaines où l’on observe une réticence sociale dans l’acceptation des matériaux dits traditionnels alors que des solutions prometteuses résident dans l’utilisation de matériaux locaux alternatifs qui valorisent non seulement la durabilité mais également l’autosuffisance en capitalisant toutes les ressources disponibles localement. C’est à Dakar, que de jeunes architectes sénégalais développent des constructions en briques de terre crue compressées avec très peu de ciment et des qualités à la fois mécaniques et thermiques exceptionnelles.
  • Au cas de Genève, qui connaît une croissance démographique très forte et où la pénurie de logements devient sévère comparativement aux emplois créés. La construction pose alors la question du stockage de la terre d’excavation considérée encore trop souvent comme un déchet. C’est également à Génève que d’autres matériaux plus écologiques et durables sont valorisés par des architectes, telle que la construction en pierre massive.
  • Enfin à celui de la métropole de Lille, où l’usage des matériaux locaux biosourcés telle que la paille alimente l’économie agricole de la région des Hauts de France.

Retrouvez ci-dessous le replay du webinaire 2 :

Le sujet de la construction est préoccupant, car au-delà de la flambée des prix et de la pénurie de ciment, la construction en béton, souvent moins onéreuse que celle privilégiant les matériaux locaux, reste le standard de la construction en hauteur dans les grandes métropoles confrontées par ailleurs à la question de la densité urbaine.

Le consensus est général : les ressources et les filières d’acteurs existent. L’important est de réussir à les promouvoir, tant l’enseignement qu’auprès des acteurs publics et de trouver des moyens d’industrialiser les process. Enfin, le secteur du bâtiment repose sur des normes qui laissent encore trop peu de place aux matériaux biosourcés et aux matériaux locaux.

Webinaire #3 : L’eau, ressource rare, comment la valoriser ?

Mardi 11 juillet 2023 de 13h à 14h30 CET.

Ce troisième et dernier webinaire est consacré à la gestion de l’eau dans un contexte métropolitain. Le changement climatique impacte de façon importante le fonctionnement du grand cycle de l’eau sur l’ensemble des territoires que nous partageons ensemble. Cependant, l’impact est différent selon les territoires et selon les contextes au niveau local. Il s’agit de trouver les solutions adaptées aux territoires fortement urbanisés, dans des pays industrialisés et/ou en développement, en contexte climatique tempéré ou en contexte climatique arides et semi-arides.

La question est l’eau étant une ressource de plus en plus rare, comment la valoriser ? Comment les villes gèrent la ressource de l’eau dans les projets d’aménagement ? La problématique d’une meilleure valorisation de l’eau peut être abordée sous différents ongles. D’abord l’eau comme ressource : récupérer, préserver et remplacer. Ensuite, l’eau comme déchet : traiter, valoriser et réutiliser. Et finalement, l’eau comme risque : infiltrer, réorienter et dépolluer l’eau en trop grande quantité.

Nous avons invité des universitaires, des chercheurs pour parler de leur ville et des initiatives qu’ils souhaitent partager auprès des élus. Les chercheurs insistent par ailleurs sur le fait que l’eau sous ses différentes forme,usée, polluée, grise ou salée, contribue à la ressource et que nous avons une grande obligation de traiter ce fluide plus comme une ressource et moins comme un danger.

  • A Lyon, d’abord, on assiste à un changement de paradigme d’une époque où l’eau présentait une menace par les inondations tandis qu’aujourd’hui la sècheresse oblige à inventer des dispositifs d’irrigation des plantes et fraicheur. Dans le cas de la ZAC des Girondins on les dispositifs au sol et en sous-sol orientent l’eau à la destination de l’usage souhaité.
  • Le cas de Lausanne, présente la « peau » particulière du territoire de Lausanne et qui met en exergue les « hot spots » et les « cold spots » en termes de température du sol. Le focus sur la Plaine du Loup montre une véritable transformation d’un morceau de ville et avec les dispositifs techniques de gestion économe au niveau des espaces publics et du bâtiment.
  • Enfin, l’exemple de Casablanca met en lumière la diversité des enjeux de la très grande échelle jusqu’à la petite échelle avec la question de la désalinisation, du transfert de l’eau depuis le nord. Puis, la question de la fonctionnalité de l’eau mis en relation avec l’esthétique de l’aménagement dans un contexte de développement urbain devient un enjeu important.

En guise de conclusion les différents intervenants nous rappellent l’importance d’une gestion plus vertueuse du cycle de l’eau éternel entre ressources, déchets et risques. Une attention particulière est à apporter à la transposition de solutions innovantes. Elle ne peut pas se faire de façon « directe » sans prendre en compte à chaque fois le contexte local.

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