Quand nous réfléchissons à un plan de développement pour Haïti, il est souvent difficile d’identifier les actions prioritaires à poser, tellement se succèdent des problèmes majeurs ayant la capacité d’anéantir tout effort et espoir de développement national : faiblesse de l’administration publique, problème d’instabilité politique, d’infrastructures, de sécurité nationale et d’éducation.
Il s’agit là de difficultés d’ordre structurel qui caractérisent bien le sous-développement du pays depuis des décennies. La centralisation excessive des pouvoirs, des ressources et des capacités à Port-au-Prince constitue aussi l’un des problèmes majeurs qui a été bien identifié, et qui persiste encore, malgré les différentes mesures discutées depuis 1987.
En effet, concentrer tous les efforts politiques, administratifs et l’essentiel de tous les services publics à Port-au-Prince n’a fait qu’alimenter la machine de l’exode rural, qui a engendré sa bidonvillisation et a facilité l’expansion du banditisme. La situation que nous vivons actuellement n’a rien à voir avec la fatalité ; elle est le résultat de la mauvaise gouvernance du territoire national.
Un Etat en retrait
Aujourd’hui, nous sommes face à une situation où le banditisme, presque généralisé, terrorise et pousse les habitants de Port-au-Prince à la migration forcée. Beaucoup d’Haïtiens et d’Haïtiennes, enfants et vieux de Martissant, de Tabarre, de Croix-des-Bouquets, de Delmas, de Cité Soleil, de Thomassin, de Laboule, etc., ont été contraints de quitter sans aucun espoir leurs biens pour lesquels ils se sont sacrifiés des années durant.
Certains ont migré vers l’extérieur, souvent dans des conditions illégales. D’autres – le plus grand nombre d’entre eux – sont retournés habiter, peut-être définitivement, dans une ville du pays où le banditisme est, pour le moment, tenu à distance par les populations locales.
Malgré l’urgence de la situation, l’Etat semble ne pas se pencher sur cette nouvelle catégorie de migrants, et encore moins penser au développement de ces villes d’accueil qui ne disposent de presque aucun moyen, ni de stratégie pour offrir du bien-être à ces malheureux déplacés.
Le déclassement de Port-au-Prince
Cette situation doit être abordée non pas comme un mal qui nous ronge, mais comme le moment pour l’Etat de se mettre au service des villes de province du pays. Une politique volontaire de décentralisation permettrait d’éviter les erreurs commises après le séisme du 12 janvier 2010, où nous n’avons pas su planifier autrement le développement de ce pays et le réaliser.
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