10 ans après la signature de l’Accord de Paris, les villes et leurs maires sont aujourd’hui un levier majeur de l’action climatique mondiale. A l’invitation de la Maire de Paris Mme Anne Hidalgo, des Maires du monde entier se sont retrouvés ce 23 juin 2025 pour rappeler leur mobilisation continue depuis une décennie et tracer une voie jusqu’à la COP30 de Belém. Les villes francophones ont répondu présentes pour ce Sommet des Maires, qui était également l’occasion d’inaugurer l’exposition consacrée aux 10 ans de l’Accord de Paris et la nouvelle forêt urbaine installée sur le parvis de l’Hôtel de Ville.
Une journée de mobilisation et d’appel à l’action
10 ans après la COP 21 et l’organisation à Paris du 1er Sommet des Maires pour le Climat, les villes du monde entier ont déployé une action climatique déterminée. Les villes ont des solutions, et elles doivent avoir les moyens de les mettre en œuvre à plus grande échelle.
C’est pour rappeler leur engagement et appeler à renforcer la mobilisation de tous les acteurs autour de l’action locale qu’étaient réunis ce 23 juin les Maires de Paris, Montréal, Douala, Rabat, Cotonou, Milan, Montréal, Taipei, Athènes, Phoenix, Medellin, Brazzaville, Liège, Bruxelles, Genève, Rio, Londres… et bien d’autres ! A leurs côtés, des personnalités de haut niveau ont souligné l’importance et l’impact de l’action climatique des collectivités territoriales.
En ouverture, Mme Anne Hidalgo, Maire de Paris et Présidente de l’AIMF, a rappelé qu’en 2024, les actions des villes ont permis une réduction de 4,52 % des gaz à effet de serre (Statistiques C40), plus rapidement que leurs gouvernements respectifs. Comme l’a souligné M. Laurent Fabius, grâce aux 25 articles que contient l’Accord de Paris, grâce aux COP successives et grâce aux actions de chacun.e la tendance de long terme de l’élévation des températures a été réduite de plusieurs décimales et chaque décimale pèse des millions de vies.
Les 3 tables rondes thématiques de haut niveau organisées lors de cette journée ont permis à la fois de faire le bilan des actions menées depuis la signature de l’Accord de Paris en 2015 et d’engager des réflexions plus globales à l’approche de la COP30 de Belém de novembre 2025. (On vous en dit plus plus bas)
Exposition “De Paris à Belém : 10 ans d’actions mondiales pour le climat ” : les villes francophones à l’honneur !
L’adoption de l’Accord de Paris lors de la COP21 a marqué un moment clé dans la mobilisation mondiale pour le climat. Pour célébrer ce dixième anniversaire, la Ville de Paris présente l’exposition gratuite « De Paris à Belém : 10 ans d’actions mondiales pour le climat » à l’Hôtel de Ville, du 21 juin au 13 décembre 2025.
L’exposition, met à l’honneur de nombreuses villes membres de l’AIMF, telles que Nouakchott, Liège, Québec, Abidjan, Cotonou et Montréal, à travers des exemples d’actions climatiques engagées.
3 tables rondes thématiques de haut niveau
Le Sommet des Maires tenu le 23 juin à Paris a permis de mettre l’accent sur plusieurs thématiques, abordées à travers des tables rondes de haut niveau.
Les villes en première ligne : bilan concret de 10 années d’avancées
Cette première table ronde a permis aux maires et aux experts présents de partager et d’exposer les actions concrètes qui ont été réalisées en faveur de la protection du climat depuis la signature de l’Accord de Paris.
Dans la ville de Milan, le Maire M. Giuseppe Sala a insisté sur la création de zones à basses émissions de GES. À Montréal, face aux problèmes récurrents d’inondations, Mme Valérie Plante a mis en place des parcs éponges pour mieux gérer les eaux pluviales. La ville a également veillé à la protection de la biodiversité à travers des actions concrètes, notamment la plantation d’arbres afin d’améliorer la qualité de vie des habitants. Le Maire de Douala, M. Roger Mbassa Ndine, partage aussi cette préoccupation en matière de protection des écosystèmes et de la biodiversité avec une focale particulière sur les mangroves, laquelle a porté ses fruits puisque la ville a réussi à arrêter la progression fulgurante de la destruction des mangroves. Les villes de Brazzaville et de Rabat font face à des enjeux similaires en matière de gestion de l’eau. À Brazzaville, la problématique des eaux usées est traitée à travers la mise en place d’un système de traitement des boues de vidange destiné à structurer le secteur des opérateurs privés. De son côté, Rabat, engagée dans une dynamique de transformation urbaine et reconnue aujourd’hui comme une ville verte, utilise des eaux usées traitées pour l’arrosage de ses espaces verts. La ville a également souligné l’importance de disposer de techniciens et d’experts au sein des institutions locales.
Mme Sharon Dijksma, Maire d’Utrecht, s’est exprimée sur la nécessité de renforcer les discours à même de convaincre les habitants, en particulier les plus vulnérables, souvent inquiets face à la transition écologique et à ses coûts potentiels. Elle a aussi insisté sur la nécessité pour les villes d’accéder directement aux financements pour mener à bien leurs actions. M. Carlos Moreno a quant à lui souligné que les élus locaux représentent l’espoir des scientifiques et que l’avenir des villes repose sur deux leviers essentiels : la proximité et la circularité, qu’elle soit sociale, économique ou environnementale.
Pour clore les échanges, Mme Valérie Masson-Delmotte, climatologue, a lancé un plaidoyer en faveur d’une écoute attentive des scientifiques et de leurs alertes face à la dégradation accélérée du climat, un enjeu d’autant plus crucial dans le contexte géopolitique actuel. Elle a rappelé que, bien que des avancées aient été réalisées depuis la COP21, elles demeurent insuffisantes, car chaque ville dispose encore de marges d’adaptation qu’elle n’a pas pleinement mobilisées.
Démocratie, justice, climat : un même combat
Lors de la deuxième table ronde, les intervenants ont mis en lumière les liens étroits entre démocratie et justice climatique. Beaucoup retiendront l’intervention de Mme Kate Gallego, Maire de Phoenix, qui a tenu à rappeler que, malgré le retrait des États-Unis de l’Accord de Paris, les villes et gouvernements locaux américains restent fortement mobilisés dans la lutte contre le changement climatique.
Un autre moment marquant fut l’intervention du Gouverneur de Nairobi, M. Johnson Sakaja, qui a cité un chiffre clé : 4 %. Ce pourcentage correspond à la part des émissions mondiales de gaz à effet de serre (GES) produite par l’ensemble des pays africains — un total inférieur aux émissions individuelles de l’Inde, de la Chine ou des États-Unis. Une donnée qui interroge sur la manière dont les responsabilités climatiques sont réparties à l’échelle mondiale.
Enfin, les panélistes ont souligné le rôle essentiel de la Justice, garante de l’État de droit et soutien indispensable à la démocratie. Comme l’a rappelé M. Mattias Guyomar, Président de la Cour européenne des droits de l’Homme, démocratie et justice sont indissociables, d’autant que le dérèglement climatique menace directement l’exercice et la jouissance des droits humains.
Des perspectives décisives pour la planète : gouvernance, financement, engagements 2050
Cette troisième et dernière table ronde intitulée « Belém sera la dernière chance », consacrée aux questions de gouvernance et de financement, a tenté de dresser un bilan de la place des villes dans les négociations climatiques à l’échelle mondiale. Il a été rappelé que l’accès aux financements demeure un enjeu central pour les villes, qui peinent encore à mobiliser des ressources adaptées à leurs besoins. Les villes disposent de la capacité d’agir sur leurs territoires et d’intégrer les politiques climatiques à des stratégies de développement local. Les maires, de par leur proximité avec les populations, sont également en mesure de porter la voix des plus vulnérables dans les débats internationaux.
Face à la remise en question et à la baisse de l’aide publique au développement, la réflexion porte désormais sur la manière de rendre cette aide plus efficace, en dépassant les approches limitées à des projets ponctuels pour favoriser des transformations structurelles et durables.
Enfin, les intervenants ont rappelé la nécessité de réintégrer la biodiversité au cœur des villes, notamment à travers la création de forêts urbaines, afin de réduire les températures et d’aider les habitants à s’adapter aux effets du changement climatique. À ce titre, un plaidoyer intitulé « L’Appel de la Forêt », en faveur de la protection des forêts primaires et boréales, sera présenté à Belém par la Ville de Paris, l’AIMF et Cities4Forests.