Alors que les ressources en eau diminuent et la sécheresse devient récurrente, les collectivités de la Côte d’Azur s’attèlent depuis plusieurs années à développer des solutions innovantes d’économie d’eau. Première en France, les villes de Cannes, Antibes et Nice viennent d’obtenir le feu vert des autorités pour réutiliser les eaux usées.

Depuis plusieurs années, les Maires de la Côte d’Azur ont fait de l’enjeu de ce recyclage de l’eau l’une de leurs priorités. Pour l’arrosage, le lavage des bus ou des rues, quelles solutions d’avenir inventer pour limiter la consommation d’eau potable ?

65% des besoins annuels couverts à Cannes et Mandelieu-La Napoule

Après les avis favorables du Coderst les 26 mai et 26 juin 2023, il ne manquaient que les arrêtés préfectoraux. Au terme d’une longue bataille administrative (1 026 analyses menées…), la ville de Cannes et son agglomération ont obtenu l’autorisation de réutiliser des eaux usées retraitées pour laver les rues et arroser les espaces verts et ainsi éviter l’usage du potable.

Le dispositif permettra d’économiser jusqu’à 150 000 m3 par an, soit 65 % de ses besoins annuels, en utilisant les eaux usées traitées de la station d’épuration Aquaviva de Mandelieu. Avec ses 15 millions de m3 d’eau épurée par an, la station d’épuration, qui dispose d’une unité de traitement interne depuis 2010, représente en effet un formidable vivier. D’autres déclinaisons de l’utilisation de ces eaux de substitution sont en cours de demandes pour autorisation : l’irrigation de la partie agricole de la basse vallée de La Siagne ou encore le soutien à l’étiage (quand le niveau des eaux est au plus bas).

« C’est une première en France pour l’arrosage des espaces verts et de la voirie. »,

David Lisnard, Maire de Cannes et Président de l’agglomération Cannes Pays de Lérins.

« C’est l’aboutissement de la raison, de l’innovation et de l’ambition. Le projet est dans les cartons depuis dix ans. Mais il a fallu attendre la sécheresse pour que ça bouge… »

Sébastien Leroy, Maire de Mandelieu.

Un nouveau système d’approvisionnement à Antibes

À Antibes, c’est aussi une première pour la ville. Le 4 juillet 2023 tôt le matin, une première expérimentation par les agents municipaux chargés du nettoyage de la voirie est réalisée. Ils se branchent désormais directement à la station d’épuration de Véolia, située derrière la plage de La Salis, au tout début du Cap d’Antibes. La collectivité a dû créer un nouveau système d’approvisionnement, avec canalisation et badge pour accéder à l’eau filtrée par Véolia et désormais réutilisée. Normalement, la majeure partie de l’eau traitée est rejetée dans la mer Méditerranée, via une conduite.

Jean Leonetti, maire (LR) d’Antibes, souligne que la ville a déjà réussi à économiser 10 % de sa consommation.

« Ce gain va être encore plus significatif, puisqu’on va pouvoir réutiliser les eaux qui sortent de la station d’épuration. Cette eau, elle va nettoyer nos rues et arroser nos espaces verts « ,

Jean Leonetti, Maire (LR) d’Antibes.

Nice : le plus gros projet de réutilisation des eaux usées en France

La Métropole Nice Côte d’Azur a quant-à-elle démarré l’expérimentation d’une unité pilote à partir de la station d’épuration de Nice, Haliotis. La demande avait été faite l’été dernier par le Maire Christian Estrosi. La sécheresse exceptionnelle, l’absence de pluies pendant de longues semaines et la baisse dramatique des nappes phréatiques avaient fait redouter des coupures d’eau potable.

Une réutilisation multi-usages qui passe par la modernisation de la station d’épuration. La collectivité va également demander les autorisations nécessaires pour un déploiement progressif d’ici cet automne pour utiliser des camions-citernes mobiles qui partiront d’Haliotis pour l’arrosage manuel des espaces verts, le nettoyage des voiries, le curage des réseaux, l’arrosage du Parc Phœnix et du Parc Carras.

Dans un communiqué, la métropole précise les ambitions du projet pour 2029 :

« Haliotis 2 permettra le traitement des eaux usées de 26 communes, soit un total de 110 000 habitants, plus de 70% de la population métropolitaine et sera en mesure de recycler 5 millions de mètres cubes d’eau par an, ce qui correspond à la totalité des besoins en eau pour l’arrosage des espaces verts et le nettoyage des voiries de la ville de Nice. »